LETTRE OUVERTE A MADAME LA RECTRICE DE L’ACADEMIE DE GRENOBLE

LETTRE OUVERTE A MADAME LA RECTRICE DE L’ACADEMIE DE GRENOBLE

Actualité publiée le 25 mars 2022

Des suppressions - redéploiements de postes sans aucune concertation envisagés au détriment de plusieurs lycées de savoie et haute savoie et la situation des centres mutualisateurs de gestion et de paie des AESH et AED de l'Académie des Lycée Vaucanson à Grenoble et Monge à Chambéry ont nécessité cette demande forte de mise au point via une lettre ouverte inédite. Nécessité fait loi.

Madame la Rectrice,


Il n’est pas dans les habitudes de notre organisation syndicale de vous interpeller par voie de lettre ouverte à l’attention du monde des EPLE de votre Académie mais la situation l’exige .

Deux points provoquent cette réaction où fond et forme se rejoignent pour nous amener, en écho aux nombreuses alertes de nos instances nationales et du SNPDEN, à vous dire :

Madame la rectrice, il faut cesser de maltraiter et de décourager ceux de vos personnels qui tiennent à bout de bras, parfois, souvent, au-delà du raisonnable un système qui donne le sentiment au niveau académique de se désintéresser de leur sort, pire de les mépriser.

- le dernier GT sur les moyens de la rentrée en établissements en est la première triste illustration.
Alors que nous sommes confrontés à une absence totale de moyens nouveaux, vous avez proposé le redéploiement de quelques postes sur de stricts critères mathématiques, sans avoir pris soin de vérifier, ne serait-ce qu’un peu, la situation des établissements impactés. Ils n’ont reçu ni avant et surtout après le moindre appel de vos services, malgré notre alerte particulièrement objectivée lors de ce GT. Quant à notre courriel il est resté lettre morte.

Ainsi, quand ce n’est pas un poste de fondé de pouvoir en cours de recrutement que vous enlevez dans une agence comptable annécienne fragilisée par des soucis RH sans réponse de vos services, c’est un poste indispensable que vous supprimez à un Lycée d’une vallée de Maurienne sinistrée et qui commençait tout juste à voir arriver une éclaircie depuis septembre dernier.
Et que dire de la charge supplémentaire pour cette autre agence comptable de Savoie, suite à la répartition des établissements rattachés conséquence de la disparition d’une agence comptable de Chambéry, charge supplémentaire sans commune mesure avec un bricolage de poste d’Adjaenes en sus en guise de dotation supplémentaire.


Déshabiller Paul pour habiller Jacques, sans aucune étude sérieuse préalable ni concertation, est à des années-lumière de l’ambition que vous affichez de la feuille de route RH dont vous nous vantez les mérites.

Est-ce donc là le vrai visage du dialogue et de la transparence que vous ne cessez de clamer à chaque rencontre et instance et auquel nous voulons croire parce que c’est notre ADN ?


- la situation du service de gestion et de rémunération mutualisées – AED et AESH  de Vaucanson et dans une moindre mesure de Monge nous a encore plus choquée.

Pourtant alerté sur les dysfonctionnements d’une application OPERA non stabilisée, véritable cauchemar pour les équipes administratives et catastrophe annoncée, son déploiement a été maintenu mordicus par le Ministère pour entrer en application au 1er janvier.

Sans la formation promise, se limitant à des sessions visio sans ligne directrice et très insuffisantes au regard du besoin d’accompagnement, l’équipe de Vaucanson a dû s’en charger elle-même, auprès des renforts de contractuels accordés en catastrophe fin octobre alors qu’ils étaient demandés depuis longtemps.

Imaginez la saisie manuelle de près de 6 500 dossiers, le stress monstrueux au fur et à mesure que l’échéance du basculement approche, les heures supplémentaires innombrables et le sacrifice de jours de congés de fin d’année

Derrière ce travail de saisie et de vérification, ce sont des milliers de vie qui sont concernées. Or le logiciel ne propose aucun outil de vision globale, ne permet que des contrôles de bulletins de paie par testing et s’est révélé d’une fragilité maladive en cas d’ingestion de nouveaux dispositifs, telle la prime inflation devant être payée en janvier (pour ne citer qu’elle).

Bilan :  alors que la base des paies était à peine stabilisée, le logiciel, très mal interfacé avec les organismes sociaux et fiscaux, a généré des erreurs innombrables dont la presse s’est faite l’écho à savoir des primes-inflation versées plusieurs fois.

Mais pire, il a invalidé plusieurs centaines de paies avec des anomalies qui ont demandé des soirées voire des nuits au personnel pour comprendre l’origine de ces erreurs, l’obligation de générer en urgence des multiples acomptes et entraîné des appels innombrables démontrant des canaux de communication et de gestion pour les AED comme pour les AESH inadaptés pour répondre à cette situation de crise. Et la liste est longue d’autres graves difficultés.

Comble de l’ironie, nos collègues, d’un dévouement admirable, ont fait les frais d’un mouvement social qui ne pouvait qu’ignorer les difficultés invraisemblables auxquelles ils étaient confrontés, récoltant la colère compréhensible de dizaines de salariés, souvent précaires, démunis devant de tels dysfonctionnements.

Les 6 GRETA de l’académie de Grenoble ont également été concernés par ce déploiement précipité.
Ils mettent en œuvre chacun des volumes de paie plus limités, mais ils ont, à leur échelle, rencontré des dysfonctionnements techniques similaires qui ont déstabilisé les équipes, même expérimentées, inquiètes devant l’incertitude et parfois l’incohérence des résultats de leurs saisies.
Par ailleurs, les documents issus de la paie n’offrent, pour eux comme pour le centre de gestion de Vaucanson, pas la fiabilité et l’exhaustivité que sont en droit d’attendre les personnels responsables des prises en charge budgétaires et comptables.

Au final, toutes ces instabilités et approximations imposent des vérifications systématiques et des retraitements complexes et fastidieux qui compliquent et alourdissent le travail de tous, sans garantie d’une amélioration prochaine.

Le lycée Monge a été moins impacté car le passage à OPERA avait été repoussé à 2023, dans la mesure où, s’adressant initialement à d’autres publics, il utilisait un logiciel privé depuis longtemps autrement plus performant que celui dont avait été doté Vaucanson.
Leur équipe fait tout pour anticiper au mieux l’épreuve du passage à OPERA pour cette fin de l’année pour ne pas subir le sort de leurs collègues de Vaucanson, puisqu’ils ont en charge les nouveaux contrats AESH, Vaucanson ayant atteint son plafond d’emplois.

OPERA est qualifié de l’avis général d’un nom trop familier pour que nous le reprenions dans cette lettre, mais nous vous laissons l’imaginer.

A tel point qu’un GRETA situé en Auvergne, issu de la fusion de ces centres de formation, aurait décidé de s’en passer, quoiqu’il en coûte.

Deux lycées pour notre Académie sont devenus par la force des choses des centres de gestion de masse au service de politiques ministérielles et académiques qualifiées d’essentielles et qui ne vont pas cesser de croitre.

Alors Madame la Rectrice, au-delà de l’extrême considération que vous devez porter à ces agents, vu leur niveau d’engagement, nous exigeons de votre part de nous écouter et de nous répondre.

Au vu des témoignages que nous avons recueillis :

- nous vous demandons de revisiter l’organisation actuelle (surtout côté employeur) afin de tout faire pour réduire les points d’incompréhension et de dysfonctionnements entre les acteurs innombrables des dispositifs AESH et AED mis en place – il y a des solutions expérimentées qui donnent de bons résultats et peuvent être étendues,

- nous vous demandons des personnels qualifiés, formés, resserrés sur ces missions indispensables mais très spécialisées et mal reconnues, bref un accompagnement académique digne de ce nom,

- nous vous suggérons à ce titre la mise en place d’un groupe experts métiers dédié entre autres à la formation des nouveaux entrants dès septembre,

Nous demandons à notre fédération l’inscription de ces deux points au CTA du 31 mars prochain.

                                                                     Le Secrétaire Académique

de AI-UNSA-GRENOBLE

Francis MENEU